Sumatra, Indonesie


Jeudi 18 juillet- Samedi 27 juillet Medan – Bukit Lawang- Tangkharan (suite)
La jungle de Sumatra est connue pour ses orangs-outans mais aussi pour ses éléphants. A quelques kilomètres de Bukit lawang mais à plusieurs heures de pistes se trouve Tangkharan.
Le paysage est là encore d’une monotonie incroyable… des palmiers à huile à perte de vue et une odeur qui pique le nez …et des camions remplis à ras-bord de ces grappes énormes qui roulent vers les usines de transformation. Heureusement, le mini-bus qui nous conduit met une dose de piment et de suspense au trajet. Après quelques kilomètres, sous un soleil harassant et une piste toute défoncée, notre mini-bus montre ses premiers signes de fatigue … en haut des montées, il cale … nous sommes assez surpris la première fois mais le conducteur ne semble pas plus perturbé, il redémarre et en avant ! Mais, tout en continuant de nous secouer dans tous les sens, ces refus d’avancer se répètent de plus en plus souvent. Nous commençons tous à avoir un sourire plus ou moins jaune qui se dessine sur nos lèvres … il fait quand même une chaleur épouvantable, nous avons une quantité d’eau limitée, mais il y a des palmiers pour se mettre à l’ombre ! Alors que nous nous disons que ça fait déjà belle lurette qu’en France nous serions arrêtés en train d’appeler une assistance, notre chauffeur continue avec le sourire à redémarrer encore et encore son vieux tacot !
Aaaah, nous nous arrêtons dans un village, ils demandent aux villageois, pour sur, ils cherchent un garage ou un boui-boui qui fasse office de garage …ah non, ils recherchaient juste une balle pour jouer au volley avec les pieds et la tête … bon, ils finissent enfin par s’inquiéter un peu et ils remettent de l’eau dans le radiateur qui est vide, ce qui explique la surchauffe en haut des côtes et le ras-le-bol du mini-bus ! On redémarre de plus belle …pour 2-3 kilomètres… et là, même dans les plats, notre tacot refuse d’avancer … allons nous pousser ? … arriverons-nous à notre destination ? … Rycky qui nous accompagne semble lui aussi de plus en plus inquiet … nous apercevons enfin Tangkharan …finalement, nous arrivons au village des éléphants avec juste une demi-heure de retard…Mais note tacot ne repartira pas ! Notre logement est au milieu d’une végétation abondante : cacaoyer, caféier, ananas, hévéa, …Le lieu invite vraiment à la détente et au relâchement.
Après une petite sieste, nous allons à la rivière … les énormes pachydermes arrivent avec leur mahout calé derrière les oreilles et les touristes installés sur leur dos, arrivant au terme d’une balade dans la jungle. Une fois desharnachés, les 5 éléphants descendent à la rivière. Ils sont rejoint par une maman et son éléphanteau qui traverse la rivière où il a à peine pied en barrissant tout ce qu’il peut … l’espièglerie émane de lui ! Sous l’œil d’un paquet de touristes, les éléphants plongent dans l’eau, tout entier, nous sommes surpris de les voir si à l’aise dans l’eau et prendre autant de plaisir à s’immerger. Après ce temps de détente, nous pouvons enfin les approcher. Chaque éléphant s’allonge dans la rivière, et les touristes se répartissent, armés de leur brosse pour astiquer ces peaux épaisses et rêches, parsemées de poils drus. Bien qu’un peu impressionnés au début, les enfants sont ravis et frottent de bon cœur pour faire briller leur éléphant. On frotte, on frotte, on frotte, … de temps en temps, on se fait asperger par l’éléphant qui pompe de l’eau à l’aide de sa trompe avant de l’’expulser sur son dos. Lorsqu’il reluit, nous passons à la partie spectacle. Pour les volontaires, nous avons le droit à une douche donnée par l’éléphant … il aspire une quantité assez impressionnante d’eau, vient coller son bout de trompe dur et rugueux contre notre oreille et renvoie sous pression les litres d’eau pompés auparavant… je ne pouvais pas refuser une telle proposition…
Tout ça, ça creuse…banane, canne à sucre, ananas pour le goûter de ces poids lourds. Moment unique pour admirer leur agilité trompesque et leur dentition entartrée. L’énorme bébé a bien repéré les enfants qu’il dépasse d’une tête et espère bien leur chiper leur sac de gourmandises … Il est un peu trop turbulent à mon goût et nous préférons un pachyderme plus grand mais plus calme.

Le retour sur Bukit Lawang est beaucoup moins épique. Quoique des doutes émergent, seuls touristes dans la voiture, notre conducteur habillé tout en militaire décide d’emprunter une piste différente de celle de l’aller, paie plusieurs back-chiches à des personnes attendant au bord de la route, ne nous décroche pas un mot malgré nos efforts pour essayer d’en savoir plus ! Il nous décroche finalement un sourire lorsque nous arrivons devant chez Rycky …
Les orangs-outangs nous manquent déjà, nous ne pouvons pas repartir sans aller leur faire un coucou …nous discutons avec Rycky pour repartir sur une journée seulement. Malgré un pied encore douloureux et pas encore tout à fait guéri (une piqure de moustique qui a mal tourné) pour Béné, nous chaussons nos baskets pour arpenter la jungle avec les yeux aux aguets. Il n’y en a pas que pour la vue, il a plu ces derniers jours, la terre, les arbres dégagent tous leur arôme. Nous rencontrons un groupe de Thomas Leaf que nous pouvons approcher de très près… bon ok, il les attire avec des morceaux de bananes ce qui n’est vraiment pas correct pour le respect de la vie sauvage. Mais nous sommes toujours partagés entre le fait que oui ce n’est pas comme cela que ça se passe à l’état complètement sauvage mais d’un autre côté si ils ne faisaient pas cela, les singes viendraient beaucoup moins se montrer et les touristes du coup seraient moins nombreux. Hors face aux industriels cupides de l’huile de palme, seul l’aspect financier du tourisme peut faire pencher la balance en faveur des orangs-outangs auprès du gouvernement indonésien. Nous profitons de cette proximité pour découvrir leur tête si cute, les yeux maquillés d’un masque bleu, des moustaches à la Dali, une crête rebelle et cet air toujours étonné.

Ils sont d’une douceur pour attraper les morceaux de banane contrastant avec les macaques qui font preuve d’une rapidité agressive. Et ils démontrent une agilité remarquable pour sauter de branche en branche.
Nous apercevons aussi au loin passant d’un arbre à l’autre des Gibbons habillés de leur pyjama marron et de leur masque blanc.

Dommage qu’on ne puisse les voir de plus près car ils ont l’air bien sympathique eux aussi.
Ce trek a été riche en primates car nous avons aussi vu se balader un babouin. Et pour finir, nous les avons revu, ces grands singes … nous sommes à nouveau ébahis, impressionnés, sous le charme, sans voix, devant autant de force, de fragilité, de maternage, d’intensité de sentiments et d’anthropomorphisme…
Nous retrouvons la même équipe pour une bonne partie de rigolade en descendant la rivière à dos de chambres à air.
Notre séjour à Bukit Lawang s’achève, c’est vraiment un chouette village, où l’on se sent bien. Certes on ressent l’effet du tourisme, ils ont su conserver une part d’authenticité tout en s’européanisant ce qui permet de retrouver certains repères que sont malgré tout confortables !! Le départ en minibus a un fort goût de fin de voyage, l’envie de retrouver notre chez nous, nos amis se fait sentir mais la petite boule au ventre est aussi bien présente !
Nous retraversons ces horribles champs de palmiers à huile… avec encore plus d’écœurement qu’à l’aller. Les soubresauts du bus accentuent peut-être cet écœurement ! Après avoir roulé à 10km/h sur plusieurs kilomètres, probablement pour essayer de remplir encore plus le bus, le conducteur s’emballe et accélère à 30 km/h sur les routes cabossées, et une vertèbre de tassée et hop un p’tit coup dans les cervicales …
Malgré cette folle accélération de fin de parcours, nous ratons le train … encore un peu de patience… nous essayons de nous imprégner encore de toute cette ambiance si différente … le train klaxonne (mais ne freine pas !) pendant la demi-heure de trajet … eh oui, les voies sont totalement envahies de personnes qui se baladent, d’animaux, … qui quittent les rails le temps que le train passe et les réintègrent tout de suite après.
Nos doutes sont confirmés, notre avion décollera du nouvel aéroport qui est bien loin de la ville. Mais un train le dessert … ils ont visiblement mis le paquet sur ce nouvel aéroport pour qu’il devienne un hub … un train hyper moderne le dessert, beaucoup beaucoup de modernité qui contraste avec ce que l’on a l’habitude de voir et qui perd un peu les indonésiens qui veulent prendre le train.
Un p’tit tour dans cette grande ville de Médan, je prends plaisir à m’engouffrer dans le marché aux poissons qui est en fait de dizaines des petites boutiques de tissus … des tissus splendides, des dentelles d’une finesse incroyable, …
Nous avons du mal à trouver le sommeil dans notre petite chambre sans fenêtre mais au calme et le réveil sonne tôt. Nous arpentons les rues médannaises à 5h du mat’ et sommes surpris de constater que nous ne sommes pas seuls, loin de là. Le train moderne nous mène rapidement au nouvel aéroport qui est ouvert depuis 2 jours mais pas encore terminé … nous traversons une zone encore en chantier avec des plaques de placo de partout. Il manque encore quelques éléments, comme une boite aux lettres … c’est l’occasion de découvrir que le fonctionnement de la poste n’est pas évident pour les indonésiens et ne doit pas être un service qu’ils utilisent beaucoup.

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dernière version 13/01/2014
Voyage d’une famille dans le monde